Chaque fondateur se trouve au défi de présenter efficacement son projet et se demande comment raconter son histoire de start up. Voilà quelques conseils pour communiquer de manière narrative, c’est-à dire en utilisant le storytelling, selon les étapes d’avancement du projet. L’histoire de l’application gourmande BIM et le parcours de sa fondatrice Anne Christelle Perochon sont une illustration concrète et réussie de ce type de storytelling.
Raconter son histoire de start up : soigner le début.

Anne Christelle Perochon, cofondatrice de Bim
Le début d’une histoire, c’est un moment essentiel, celui où l’on capte son auditoire. Dans la construction d’un scénario de cinéma, il faut avoir un impact décisif avant l’échéance de 10 minutes. Et pour bien concevoir ce moment, beaucoup plus court dans un pitch de startup (entre 30 secondes et 1 minute parfois), il faut connaître la fin de l’histoire, pour dérouler le fil à bon escient. Il faut donc savoir trouver les racines de votre projet, celui qui le rend unique, qui fait que vous seul.e pouvez le porter et qui l’amène naturellement à votre solution.
Pour Anne Christelle Perochon, voilà comment raconter son histoire de start up, par le commencement.
Son storytelling débute dans des villes gourmandes. Elle est née à Bordeaux, où dès l’âge de 12 ans, elle joue à être entrepreneuse. Elle y crée un jeu avec son père. Et comme d’autres construisent des châteaux forts, créent des scénarios avec leur poupée, elle imagine de multiples entreprises. Vient le temps des études. Anne Christelle part à Reims suivre des études de commerce. Elle choisit stratégiquement ses stages dans des entreprises du CAC 40. Puis elle entre en poste dans des sociétés d’investissement, pour bien en comprendre les rouages, en l’occurrence Axa Private Equity et 123Venture. Sa vie se déroule tranquillement entre son travail, ses passions pour le digital, la gastronomie et les voyages.
Raconter son histoire de start up : trouver le déclencheur

La gourmandise, comme déclencheur de projet. Photo Marcin Klaban repéré par Bim
Pour les créateurs de start up, ce moment clé où l’histoire pivote : un obstacle se présente, un accident arrive, un défi se présente, est le moment qui va déclencher le processus du concept et du projet. Mais, ce qui généralement rend attachant leur storytelling, c’est justement non pas de présenter les éléments rationnels (CA, marché, business plan …), mais de raconter l’idée dans un mini récit, où chacun comprend concrètement et émotionnellement le projet. Il sera temps de soumettre les éléments chiffrés, une fois les investisseurs, les médias, le public intéressés.
Et voilà comment Anne Christelle Perrochon peut poursuivre et raconter son histoire de start up :
Voilà qu’arrive en 2014 une belle opportunité de passer quelques jours à Tokyo, la ville qui compte le plus de restaurants étoilés au monde et d’autres lieux non moins délicieux. Plongeant et se délectant d’avance dans les blogs et les guides, elle fait sa sélection des lieux immanquables et entreprend de réserver. Et là, c’est la grosse frustration ! En dehors de la difficulté à réserver par téléphone dans une langue étrangère, tous les restaurants de son choix sont complets pour une réservation de dernière minute.
Développer l’histoire : la naissance et l’avancée du projet
A partir du déclencheur, le projet doit se construire dans la continuité de l’histoire. En quelque sorte, il permet au héros ( l’entrepreneur.e) de résoudre la difficulté, l’énigme, le défi. Il introduit de façon narrative la solution proposée par la start up. Ensuite, le parcours conjoint de levée de fonds et de concrétisation des différentes phases du projet vont constituer autant de mini chapitres de l’histoire.
Donc, reprenons l’histoire d’Anne Christelle
De retour à Paris, fort dépitée, elle cherche comment éviter de se retrouver dans une telle situation. En s’intéressant de prés au sujet, elle s’aperçoit alors que, si elle a été frustrée de ne pas avoir vécu l’expérience gustative de ses rêves à Tokyo, les restaurateurs peuvent eux aussi avoir l’occasion d’être frustrés. En effet, un fléau s’abat sur eux, notamment parmi les plus courus. Il s’appelle le « no show ». Le jour J, leur restaurant est complet depuis des semaines. Mais, à 20h30, une table se décommande. Plus de possibilité de se retourner pour le restaurateur : un phénomène qui se quantifie à environ 20 % pour ce type de restaurant …L’idée fait alors son chemin de proposer une application fluide de réservation de dernière minute dans de bons restaurants.

Accueil de l’application gourmande Bim
Et BIM, l’application est créée en 2014. Une levée de fonds d’1 million d’euros permet de construire le site et optimiser l’application. La communauté des utilisateurs (environ 70 000 actuellement / 1300 restaurants) grandit au fur et à mesure de l’ouverture des villes. L’entreprise se développe dans 15 villes dont 9 à l’étranger, avec 12 collaborateurs. Une deuxième levée de fonds de plusieurs millions d’euros, courant 2017, va permettre d’accélérer ce développement. Tandis qu’Anne Christelle Perochon entre dans le top des entrepreneurs français de moins de 30 ans.
Raconter son histoire de start up : ne pas s’arrêter au storytelling projet
A partir du moment où votre « jeune pousse » commence à croître, il vaut mieux vivifier son storytelling, car sa vie reste fragile. BIM en a respecté 2 étapes fondamentales : définir son storytelling d’entreprise et créer un univers d’histoires autour d’elle.
Pour Bim, le storytelling repose sur sa mission : « révéler l’âme d’une ville à travers des expériences gastronomiques extraordinaires ». Pour accomplir cette quête, elle peut s’appuyer sur sa communauté : des gourmets prescripteurs, des insiders, des chefs. Ainsi, Bim combat l’imprévisibilité du temps réel : annulations de client et disponibilités soudaines pour d’autres.
Sa mission d’expérience gastronomique extraordinaire lui ouvre un champ d’histoires gourmandes à partager. BIM a ainsi le potentiel de devenir une plateforme de storytelling pour gourmets ou food addicts avec son site, son magazine, ses interviews de chefs, ses expériences qui font de cette entreprise bien plus qu’une application de social fooding. A ce sujet, la vidéo d’un insider BIM de renom, Guy Savoy, est un bel exemple de storytelling gourmand. Une phrase en est la pure expression : « La cuisine est l’art de transformer instantanément en joie des produits chargés d’histoire. »
A retenir de la façon dont BIM raconte son storytelling de start-up
- être cohérent et authentique avec soi-même et son histoire ( c’est votre histoire et non une histoire inventée, sinon choisir l’histoire que quelqu’un vous a racontée et qui a déclenché chez vous l’idée du projet, par exemple)
- savoir passer de son storytelling de fondateur/projet à celui du storytelling de l’entreprise (mission, aide, opposant, ennemi …)
- démultiplier son storytelling en facilitant le partage par les utilisateurs sur l’application elle-même ou le site
- le rendre visuel avec de belles photos et vidéos gourmandes
- en faire un pilier central qui va nourrir le contenu éditorial, et ainsi attirer à la fois de nouveaux utilisateurs, de nouveaux partenaires
- l’utiliser stratégiquement, notamment pour le growthhacking. Ainsi, l’entreprise a mis en place différents partenariats. Elle proposera prochainement un événement croisé avec l’application Optimiam : un repas de chef avec des produits en date limite …
Si vous voulez en savoir plus sur Bim, c’est là. Si vous vous posez des questions sur la présentation de votre projet, souhaitez un premier avis, n’hésitez pas à me contacter ici.